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Sur le démantèlement de la télé-surveillance dans les rues d’Amiens

dimanche 13 septembre 2009, par Chiche ! Lille

Depuis le grand retour de la gauche à la mairie d’Amiens en 2008, Émilie Thérouin, élue verte à la sécurité, s’attèle à prouver l’inefficacité des caméras de surveillance. Derrière son « moratoire » sur l’installation de caméras, son but inavoué est bien de les retirer. A priori, on pourrait se satisfaire de sa démarche. Amiens serait la première ville française à faire machine arrière sur le flicage vidéo.

Après une rencontre avec elle organisée par Rêvolutives à Paris, il reste quelques trucs sur lesquels on ne peut vraiment pas être d’accord.


L’évaluation : « la plus-value écolo »

La démarche d’Émilie Thérouin de supprimer à terme la vidéo des rues amiénoises est de passer par la sainte évaluation. Ce serait même « la plus value écolo » que de démontrer par A+B que la vidéo est inefficace. Dans une interview donnée à La Brique suite aux échauffourées des quartiers Nord d’Amiens, elle le dit clairement : « les vidéos servent avant tout à la gestion de l’espace public, du stationnement, de la propreté, de la zone piétonne ».

La question qu’on pose : « En quoi l’évaluation est écolo ? ». Aujourd’hui, elle gangrène toutes nos activités. De l’hôpital à la recherche publique, en passant par la psychiatrie, l’action sociale ou associative, les politiques publiques ou bien sûr la vente d’armes ou de brosses à dent électriques, c’est la même ritournelle managériale et libérale. Le management par projet, avec sa définition d’objectifs, ses moyens mis en œuvre (humains et techniques) et son évaluation sont la plus value libérale qui soumet toutes nos activités aux seuls objectifs d’efficacité. Au détriment du sens.

L’évaluation n’a donc rien d’écolo. Elle est le lieu commun du système technicien qui va des multinationales à la bureaucratie publique. A aucun moment elle ne peut pas justifier le retrait du flicage vidéo de nos comportements.

L’évaluation justifie le flicage

Si Émilie Thérouin est contre la vidéo, ce n’est donc pas seulement pour des raisons liées « aux droits de l’homme », comme elle dit, mais bien parce qu’elle est inefficace. S’avancer sur ce terrain est dangereux pour deux raisons.

Tout d’abord que se passera-t-il si, malgré la mise en place de critères alternatifs, l’évaluation conclut que la vidéo-surveillance est une réussite dans la contrainte de nos mouvements et de nos cerveaux ? Et que c’est un outil parmi d’autres pour assurer l’anesthésie générale ? Fin de partie, la majorité socialiste amiénoise ou l’opposition UMP n’auront plus qu’à ricaner grassement.

Plus dangereux encore, évaluer la vidéo-surveillance c’est légitimer les objectifs qu’elle se pose : à savoir le contrôle des populations. Tenter à tout prix de démontrer que la vidéo est inefficace, c’est reconnaître le droit à la sécurité des bourgeois et des marchands face aux barbares. « La vidéo est inefficace dans le contrôle des quartiers Nord ? Trouvons autre chose ! ».

C’est d’ailleurs la remarque que faisait une élue verte de Montreuil durant la discussion. A Montreuil, la ville a eu la sage idée de gôche de ne pas mettre de caméras. Elles sont une réponse bassement technique à laquelle les Verts sont sensés* se méfier de par leur culture. Montreuil lui préfère donc des agents de médiation pour apporter une réponse plus humaine au désordre. Des flics qui n’en seraient pas vraiment ? Des flics à visage humain quoi.

Le contrôle des populations, qu’il soit technique ou « humain », reste une béquille sociale sans laquelle nos comportements ne se tourneraient pas instinctivement, ou plutôt culturellement, vers le travail, la consommation, le respect de l’ordre marchand... C’est pourquoi on s’oppose à la vidéo-surveillance, son évaluation, et ses pseudo alternatives ’’humaines’’.

Chiche ! Lille

* Oui, « sensés ». Car le Vert Éric Quiquet, élu aux transports de Lille Métropole, s’attache depuis 2001 à remplir les couloirs et les rames de métro de caméras et d’agents de médiation, et bientôt de puces RFID.

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